Stephenville
Des Acadiens venus de la région de Chéticamp (Margaree) et des Iles de la Madeleine sont parmi les premiers colons à s’établir la région de Stephenville sur la côte ouest de Terre-Neuve. D’un village francophone en 1935 (936 habitants) Stephenville devient une ville majoritairement anglophone en 1956 (5910 habitants) à la suite de l’installation d’une base militaire américaine durant la Seconde Guerre mondiale. Un de nos objectifs de recherche consiste à reconstruire, autant que possible, les traits de langue et la petite communauté francophone d’avant 1941.
Nos données comprennent des entrevues de fonds d’archives avec deux locuteurs nés en 1891 et 1896, effectuées en 1964, de même que des entrevues ethnologiques effectuées en 1980 auprès d’une locutrice et d’un locuteur, nés respectivement en 1896 et 1897. Nous complétons ce corpus par de cours entretiens avec sept locuteurs nés au début du vingtième siècle et qui s’étaient installés à Kippens, comme la plupart des francophones, après la saisie de leurs terres pour construire la base américaine. À partir des années quarante, les anglophones commencèrent à arriver en masse attirés par les nombreux emplois que la base aérienne leur offrait jusqu’à sa fermeture en 1966, la situation menant rapidement à un transfert linguistique en faveur de l’anglais.
Nos données nous permettent d’établir des comparaisons entre des locuteurs du même âge pour Stephenville, L’Anse-à-Canards (située dans la même région), Chéticamp et les Iles de la Madeleine. Jusque dans les années 1940 ces communautés partageaient une culture et un mode de vie communs. Toutefois, bien que les entrevues pour Stephenville soient axées surtout sur le travail et les loisirs des individus, de leur famille et de leurs prédécesseurs, il est aussi question du transfert linguistique en faveur de l’anglais dans la famille et des situations où la langue est encore parlée comme les rencontres entre anciens.
Références :
Butler, G. R. (1995). Histoire et traditions orales des Franco-Acadiens de Terre-Neuve. Québec: Septentrion.