Les Îles-de-la-Madeleine

Situées au cœur des provinces de l’Atlantique, les Îles-de-la-Madeleine sont rattachées à la province de Québec. L’archipel était inhabité jusqu’au XVIIIe siècle et l’arrivée de pêcheurs engagés et de familles ayant survécu à la Déportation de 1755-1758 quand les Acadiens furent chassés de leurs terres. Au cours des cent prochaines années, des Acadiens établis à Miquelon et ailleurs dans l’est de l’Amérique, des Québécois, des navigateurs et déserteurs de la marine française viendront s’ajouter jusqu’au XXe siècle. La population se stabilise et connait un accroissement naturel puis un déclin à partir des années 1970. Celle-ci est estimée aujourd’hui à environ 12 000 habitants à 94% francophones et en majorité descendants des Acadiens revenus d’exil.

De par leur isolement, les Madelinots ont développé une identité et une culture insulaire qui leur est propre. De plus, l’éloignement du Québec et des autres communautés acadiennes a permis l’émergence d’une koinè acadienne connue sous l’appellation de « parler des Iles ». Le peuplement initial s’étant échelonné sur une période relativement longue et ayant connu plusieurs vagues d’arrivants, la langue possède des traits dialectaux qu’on trouve dans d’autres variétés de français nord-américains et hexagonaux anciens. Les Madelinots n’ont pas connu le contact soutenu avec l’anglais qui caractérise nos autres points d’enquête et l’éducation en français s’est développée dès les débuts, l’assimilation linguistique y est donc inexistante.

Les Iles-de-la-Madeleine sont une destination touristique prisée depuis l’instauration d’un lien par traversier avec le continent à la fin des années soixante. Le développement de l’État québécois et l’insularité de l’archipel ont entrainé la mise en place de services de proximité : centre de santé et services sociaux, collèges, services gouvernementaux, etc. Ces développements, conjugués à l’arrivée récente d’une population issue de la diaspora madelinienne et de nouveaux résidents d’origines diverses, ont accentué le nivellement des traits saillants au profit d’une norme linguistique suprarégionale québécoise. Les informateurs de notre échantillon, nés au tournant du XXe siècle, nous permettent de documenter les débuts de ce changement important.

Références :

Carbonneau, P. (2009). Découverte et peuplement des Îles-de-la-Madeleine. Québec: Presses de l’Université Laval.

Fortin, J.-C., et Larocque, P. (2003). Histoire des Îles-de-la-Madeleine. Québec: Presses de l’Université Laval.

LeBlanc, C. L. (2013). Les interrogatives totales en français Madelinot: continuité dans la filiation. Dans A. Barysevich, A. D'Arcy, & D. Heap (Dirs.), Proceedings of Methods XIV: Papers from the Fourteenth International Conference on Methods in Dialectology, 2011 (pp. 90–101). New York: Peter Lang.