Chéticamp et les environs
Chéticamp et les villages qui l’entourent comme Saint-Joseph-du-Moine, Belle-Côte et East-Margaree forment une région du Cap-Breton où les francophones sont majoritaires au niveau local mais fortement minoritaires dans la province de la Nouvelle-Écosse. En outre ces localités d’environ 5000 de population en tout sont entourées de villages anglophones et éloignées des autres régions acadiennes de la province. Les premiers habitants arrivèrent vers 1782 et furent suivis par un groupe de quatorze familles auxquelles on avait accordé des terres en 1790. Ces premiers pionniers étaient revenus d’exil en France ou en Nouvelle-Angleterre après la Déportation de 1755-1758 où les Acadiens furent chassés de leurs terres. À ceux-ci s’ajoutèrent d’autres qui avaient trouvé refuge à l’Île-du-Prince-Édouard, Saint-Pierre et Miquelon ou ailleurs dans l’est de l’Amérique, puis vinrent des marins du Bas-Canada et des soldats déserteurs de la marine française et des guerres napoléoniennes.
Tout au long de leur histoire, les habitants de la région de Chéticamp eurent accès à une éducation en français et à un ministère catholique de prêtres francophones du Québec, de la France ou Acadiens. À la fin du XXe siècle, on y trouvait le plus faible taux d’assimilation et d’emprunts à l’anglais dans la province. Au recensement canadien de 2016, 37,8% de la population de la région de Chéticamp se déclarait francophone.
Les déportés Acadiens étaient engagés par des exploitants-pêcheurs et commerçants jersiais. Isolés sur la rive nord de l’île du Cap-Breton, la région fut pendant longtemps tournée entièrement vers la mer, faute d’accès routier, et faisait partie de ce qu’on appelle la communauté du Golfe. En effet, ces établissements de pêche entourant le Golfe du Saint-Laurent partagent une histoire commune. On retrouve aujourd’hui encore les mêmes patronymes dans certaines régions du Cap-Breton, des Iles de la Madeleine, de l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve. Ces localités riveraines partagent un bon nombre de traits dialectaux qui permettent de les différencier de celles du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Elles ont aussi en commun certains traits culturels comme les contes, les chansons, les morceaux de musique ou encore des traditions religieuses ou laïques comme la Mi-Carême même si ceux-ci tendent aujourd’hui à disparaître.
Références :
Chiasson, Anselme. 1962. Chéticamp. Histoire et traditions acadiennes. Moncton, Éditions des Aboiteaux.
Flikied, Karin (1989) « Recherches sociolinguistiques sur les parlers acadiens du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse » dans Le français parlé hors Québec, aperçu sociolinguistique, Raymond Mougeon et Édouard Béniak (dir.), Presses de l’Université Laval, 183-199.
Ross, Sally et J. Alphonse Deveau. (1995). Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse, hier et aujourd’hui. Halifax, Nimbus Publishing.